"Cinq histoires ""sucrées ou salées"" mettent en scène cinq jeunes femmes différentes, plutôt de leur temps et parfois girondes. Des courts-métrages en quelque sorte, avec en fil conducteur, les relations hommes/femmes traitées avec énormément de finesse et d'humour. Et, bien évidemment, les femmes n'endossent pas automatiquement l'habit de victimes, bien au contraire. Les hommes qui ont un rôle dans ces petites histoires apparaissent plutôt sous leur mauvais jour : petites lâchetés quotidiennes et autres défauts masculins (mais si messieurs !) sont largement mis en scène. Autre particularité, ces femmes n'ont pas forcément des physiques de top models, elles sont parfois girondes et entendent bien mener leur vie comme elles l'entendent. Une superbe surprise que l'on doit à Krassinsky qui a su observer et restituer les petits travers de la vie sentimentale."
T1 Les Coeurs boudinés
Les hommes préfèrent les grosses, paraît-il. Tu parles... Au cinéma, peut-être. Dans la vraie vie, c'est moins sûr. Pour une nana, la cause est entendue : mieux vaut ressembler à Kate Moss et pousser au chômage les fabricants de balances plutôt que d'enrichir les propriétaires de clubs de fitness ! Le " maigrichonnement correct " n'a pas fini de frapper... En fin observateur des moeurs amoureuses de notre temps, Jean-Paul Krassinsky l'a bien compris. Dans Les Coeurs boudinés, il raconte l'histoire de cinq jeunes filles un peu, euh... enveloppées. Mais pleines de charme et fort sympathiques, nous tenons à le signaler. Hélas, Pome, Rose-Mary et les autres sont confrontées à la muflerie masculine. Heureusement pour elles, elles savent se défendre. Et, malheureusement pour eux, les mâles " lipophobiques " qu'elles croisent sur leur route ne font pas toujours le poids. Ces messieurs sont peut-être minces, mais ils manquent un peu d'épaisseur. Tant mieux pour le lecteur – et tant mieux pour la lectrice, bien sûr. Pour mettre en scène ces tranches de vie, l'auteur a regardé le monde autour de lui. " Ma grande marotte, c'est d'observer les gens ! " annonce celui qui a dessiné les trois tomes de la série Kaarib, d'après le scénario de David Calvo. " Je fais ça depuis pas mal d'années. C'est probablement lié à ma condition de dessinateur : je travaille seul, enfermé chez moi. Alors, quand je mets le nez dehors, j'ouvre de grands yeux. Tout est neuf, même le métro ! " Les cinq récits qui composent l'album, bâtis comme des courts métrages du quotidien, sont nés de choses vues, de scènes de la vie de tous les jours et de souvenirs d'enfance. " J'ai pioché très loin dans ma mémoire pour en rapporter des phrases et des attitudes, raconte Krassinsky. J'avais envie de parler de l'apparence et de ce qu'elle produit chez les autres. Mon point de départ, c'est le regard des hommes sur les "petites grosses", qui n'est pas toujours très tendre. Quant au regard des autres femmes, il n'est pas tendre du tout ! " Les jeunes filles des Coeurs boudinés sont diablement séduisantes. Mais elles sont en butte aux moqueries, supportent les piques perfides des vraies-fausses bonnes copines et les plans-drague lourdingues des mecs, lesquels donnent l'impression de leur faire l'aumône de leurs faveurs. " Mais elles ne sont pas dupes. Et elles trouvent toujours une manière de contre-attaquer ", se réjouit leur créateur. Au passage, cet ancien dessinateur de story-boards en profite pour égratigner – " Ça fait pas de mal ! " – le petit monde de la publicité, véritable caricature des préjugés physiques de tout poil. " Le plus étonnant, dans la pub, c'est qu'il y avait des jolies filles partout ! " se souvient Jean-Paul Krassinsky. " Pour être recrutées, elles devaient subir de véritables castings, pas des entretiens d'embauche. " De Paris en Islande, de New York à l'Italie et l'Angleterre (" Je trouve barbant de lire des BD qui ne se déroulent qu'à Paris "), Krassinsky bat en brèche quelques idées reçues. Et offre une sacrée belle revanche à toutes celles qui souffrent, ont souffert ou souffriront un jour de se voir réduites à leur tour de taille dans le regard des autres. La lecture de cet album a de quoi rendre plus léger : finalement, les gros lourds ne sont pas toujours ceux que l'on croit...
T2 Les Coeurs boudinés
Les filles rondouillardes dans un monde où il est bien vu de flotter dans un petit 38 : voilà un problème joyeusement résolu par Krassinsky à travers trois histoires dont les héroïnes au coeur boudiné, Fanny, Martha et Mimi, ont également beaucoup de charme et de répondant. La tyrannie de la minceur - une mode lassante, née dans les sixties et constamment entretenue par le militantisme du "maigrichonnement correct", y compris et surtout dans les magazines féminins - n'est pas très rigolote à vivre quand on est une fille "débordante". D'où le grand vent de fraîcheur qui souffle dans cette série. En trois "courts-métrages" situés à Toulouse, New York et Pontcharmin, Krassinsky nous offre des portraits de filles tout à fait réjouissants : fortes dans tous les sens du terme, roublardes à l'occasion, parfois cafardeuse mais pas du tout prête à se laisser faire, elles affrontent avec humour et fermeté l'attitude (pour le moins médiocre) des hommes. Un album pour tous : les filles "trop" rondes - par rapport à quoi ? au carré de l'hypoténuse ? -, celles qui sont perpétuellement obsédées par la peur de le devenir, et les hommes aussi : on trouve en effet dans cet album une belle brochette d'abrutis qui devrait les inciter à réfléchir sur le fond et "les formes", le snobisme des apparences et l'amour dans la vraie vie. Le tout porté par un dessin incisif et un sens aigu des ambiances pittoresques. Un vrai régal.
T3 Les Coeurs boudinés
On se délecte par avance (forcément) de découvrir ce troisième volume des Coeurs boudinés avec, cette fois, un seul Coeur, celui de Rose-Mary, personnage qui apparaissait déjà dans le premier tome. « Rosy » est installée à Londres avec sa fille et doit mener sa vie professionnelle (patron = un con qui se prend pour Sean Connery) et sentimentale (copain = le néant) de front. Sa fille, Sandy, ne comprend pas pourquoi sa maman n'est pas autant présente qu'elle le souhaiterait surtout quand celle-ci lui explique qu'elle doit aller travailler tous les jours pour « gagner des sous ». Concept abstrait pour une enfant ! Pourtant Rosy va rencontrer un homme séduisant (bien qu'habillé en lion !) lors d'une soirée costumée. Son approche laisse pourtant à désirer : « expliquez-moi pourquoi une jolie fille comme vous est encore célibataire ? » mais le potentiel prince charmant a des arguments... Et il est neuro-chirurgien ! Serait-ce le début d'un bonheur ? Car, comme le dit la chanson, les histoires d'amour finissent mal en général...
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