Sophie Lambda, illustratrice, nous raconte dans cet album son histoire, avec quelques modifications, d’une façon très moderne, pertinente, réaliste, sans édulcorer, et avec un certain humour, notamment ajouter par la présence de son ours en peluche : Chocolat, qui participe activement.
L’album est fait d’une façon très facile à lire, et se rend d’utilité publique, surtout que la dernière partie se concentre sur comment reconnaître un manipulateur et se reconstruire.
Elle a fait preuve d’un certain courage pour nous livrer son histoire, et cela lui a également servi de thérapie. Le livre ne perd rien de sa force, même quand on l’a déjà lu et qu’on le relit.

C’était une alchimie rare, évidente. Il était son tout. Elle compare son bonheur fusionnel au #couplegoal des comptes Insta les plus en vue.
Puis Sophie Lambda, un peu à la House of Cards, s’arrête dans son récit et s’adresse directement au lecteur, en le regardant droit dans les yeux. Elle raconte alors avec une tonne d’humour et encore plus de lucidité ce qu’elle a vécu et appris sur la manipulation, comment on s’échappe, comment on survit, pourquoi elle, et comment se reconstruire.
 En mode résumé express, ça donne quelque chose comme ça:  la manipulation n’est pas une stratégie, c’est un état qui ne change pas, jamais. Partir est la seule alternative. La vulnérabilité n’est en rien de la faiblesse et chercher de l’aide, sans honte, est probablement l’acte de self-care le plus important qui soit. La manipulation peut arriver à n’importe qui et n’a rien à voir avec la force de caractère.
Enfin, pour guérir, il nous faut combler nos failles (on en a tous, c'est le propre de l'humain), et s’aimer tout entier.
Tant pis pour l’amour. Où comment j’ai survécu à un manipulateur est LA bible à mettre dans toutes les mains, mais une bible drôle, touchante, qui va droit au but sans leçon de morale ni de jugement, très pédagogique aussi. En fait, c’est mieux qu’une bible. C’est un vrai manuel de survie destiné à toutes celles et ceux qui allaient bien avant  la rencontre avec un manipulateur, et à tous les autres, pour une meilleure connaissance et prise de conscience du concept d’emprise et du Fukushima psychique qu’elle génère.

Tant pis pour l’amour. Où comment j’ai survécu à un manipulateur - Sophie Lambda - Delcourt

La question la plus importante que se pose tout garçon amoureux est : est-ce qu'elle m'aime vraiment ? Est-ce qu'elle m'aime pour moi, ou seulement pour ce que je peux lui donner ? Est-ce que c'est juste un feu de paille, est-ce qu'elle va se lasser de moi demain, ou est-ce que nous serons ensemble comme dans les contes de fées ? Lorsque vous êtes amoureux, vous créez une image idéalisée de votre bien-aimée, vous négligez ses défauts et, s'ils deviennent trop évidents, vous commencez à chercher des justifications et finissez parfois par vous en vouloir. Dans les cas extrêmes, vous ne vous réveillez du rêve que lorsqu'elle a obtenu tout ce qu'elle veut de vous et qu'elle est prête à passer à l'étape suivante.
"Tant pis pour l'amour" est un roman graphique autobiographique qui suit, avec sensibilité et humour, la même histoire de manipulation sentimentale, mais du point de vue féminin. Nous voyons Sophie passer par le même chemin - idéalisation, ignorance volontaire des problèmes, doute, isolement des amis, auto-victimisation... Tiens, il semble que tous les manipulateurs ont lu le même manuel d'instruction : )  Sophie Lambda donne ici une leçon de vie indispensable, et cet album devrait être une lecture obligatoire pour tous les adolescents, filles ou garçons. Une lecture facile, voire addictive, car l’art est au point, et les aspects pédagogiques sont bien saupoudrés d'autodérision, d'humour noir, de tension et de… poésie. Sans oublier Chocolat, l'ourson en peluche qui est à Sophie ce que Jiminy Cricket est à Pinocchio :

Une rencontre, une idylle naissante, puis un amour passionné ... et là, le masque tombe! Je vous laisse découvrir l’histoire de Sophie Lambda qui voit son amour se flétrir peu à peu où chaque pétale qui tombe dans un cauchemar encore plus noir.
L’auteure se confie sans détour et avec justesse sur cette relation devenue toxique qui permet au lecteur de comprendre comment un tel engrenage est possible sans que la personne qui croit en cet amour ne puisse réagir.
À travers des planches originales que ce soit par les couleurs, le graphisme et le montage des vignettes, Sophie nous fait vivre son histoire. Déjà séduite par son trait en la suivant via les réseaux sociaux, j’ai été bluffé par certaines planches.
Les émotions sont palpables dans ce roman où le rire, la colère et la tristesse nous envahissent ! On ne peut rester insensible!
Au delà de cet album qui pourrait être symbole de libération, un partie semblable à un manuel de survie, conseille et met en garde avec un petit lexique à la fin , juste parfait et utile vu le sujet.Une belle manière de tourner la page et surtout d’oser dire « Tant pis pour l’amour !» si ce denier transforme notre petit cœur rouge dans une noirceur destructrice.

Oscar fait partie de ces êtres qui voient et utilisent les autres comme des objets. Ses “Laisse-toi faire, c’est pour ton bien” font froid dans le dos. Il pousse les jeux de domination le plus loin possible avec ses “suiveurs”, nourrissant ainsi ses insécurités profondes et sa prochaine expo photo à ambition particulièrement glauque. Anna est la voisine de palier d’Oscar, faussement aimée et naïvement abusée. Une séance photographique extatique qu’Anna jugera par la suite sadique déclenchera une réaction que le manipulateur, à l'instar d'Hitchcock dans Vertigo, n’aura pas prévue. Cet album dérangeant de Stéphane Betbeder montre et démonte tous les processus de manipulation dissimulés sous le vocable d’inspiration géniale dans un univers qui ne sait peut-être pas toujours faire la part des choses, le monde de l’art. Un ouvrage sombre, à l’instar du contraste graphique tout en noir et blanc de Christophe Bec. Mais un must qui permet d’ouvrir les yeux.
Anna -  Stéphane Betbeder  et Christophe Bec - La Boîte à Bulles