Gotlib dans tous ses états - Rétrospective d’humour trash et coquin !

Gotlib dans tous ses états - Rétrospective d’humour trash et coquin !

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Présenté par Edelric

Si Gotlib est entré au Panthéon des auteurs de bandes dessinées au même titre que Franquin, Peyo ou Hergé, c’est sans nul doute parce que l’artiste a su se montrer très éclectique dans les sujets qu’il a traités. De l’humour glacé et sophistiqué (comme il aimait l’appeler) à des gags trash, voire scatologiques, en passant par des histoires touchantes ou philosophiques, Gotlib savait nous jouer avec tous les aspects de l’âme humaine. Une force qui faisait de lui un auteur unique, adulé par les uns et détesté de ceux qui ne retenaient chez lui que son humour « sous la ceinture ». Retour sur un artiste polyvalent.
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La vie en bref d’un Maestro de la Bande Dessinée.

Marcel Gotlib est né dans une étable où s’étaient réunis un âne un bœuf… attendez, ça, c’est l’histoire de son fils. Mais trêve de galéjades et passons aux choses sérieuses. Marcel Gotlib, appelé simplement Gotlib par les initiés, est né le 14 juillet 1934 à Paris. Très tôt, il se passionne pour le dessin et n’hésite pas à s’entraîner sur les murs de l’appartement familial que son père lessive régulièrement. Après une scolarité exemplaire, Gotlib devient comptable à l'Office commercial pharmaceutique le jour, il suit les cours du soir des Arts appliqués, et s'adonne le dimanche au théâtre amateur. C’est d’ailleurs grâce à cette dernière activité que l’artiste va avoir une révélation. En effet, c’est allant répéter chez un ami dont le père dessine pour Le Pèlerin que Gotlib va se découvrir le métier d’illustrateur. C’est pourquoi, il décide d’envoyer un dossier chez Mickey et gagne une place de lettreur dans les studios d'Edi-Monde. Cependant, le rêve de Gotlib, son Saint Graal, reste le magazine Pilote. En attendant, il décroche une page par semaine dans Vaillant où il crée une série intitulée Nanar et Jujube dans laquelle évolue un personnage devenu désormais mondialement célèbre, Gai Luron le chien neurasthénique. Fort de cette petite victoire, Gotlib se lance enfin en envoyant, sans trop y croire, un échantillon de son travail chez Pilote qui accepte de le publier. Un bonheur ne venant jamais seul, trois mois plus tard ce n’est n’y plus n’y moins que le grand Goscinny qui le contacte pour travailler avec lui sur les Dingodossiers. Malheureusement, ce projet étant un peu trop précurseur, les lecteurs le boudent. Cependant, ce semi-échec donnera naissance plus tard à l’une des séries les plus populaires de Gotlib, Les rubriques-à-brac. Après avoir créé une multitude de séries, l’auteur se lance dans l’édition avec L’écho des savanes en 1972 puis Fluide Glacial en 1975. 
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Gai-Luron ou l’humour à l’anglaise

Lorsque l’on pense à l’œuvre de Gotlib, deux personnages nous viennent quasi instantanément à l’esprit (si, si essayez !), il s’agit de la coccinelle sur laquelle nous reviendrons plus tard… dans l’univers, n’allez surtout pas croire que nous nous déplaçons à dos d'insectes ! Nous pensons à la coccinelle, donc et à l’inénarrable Gai-Luron, bien entendu (en même temps c’était facile puisqu’il s’agit du nom du chapitre). Pourtant, si vous avez lu attentivement la biographie de l’auteur vous avez pu remarquer qu’à ses débuts, ce dernier n’était pas le héros de la série dans lequel il évoluait. Cependant, ces paupières tombantes, son air somnolent et son embonpoint... non nous ne parlons pas de l’ancien président au scooter, bandes de médisants que vous êtes !  Et son embonpoint donc, lui ont attiré la sympathie quasi immédiate du public. Mais, encore fallait-il trouver un style à sa série. Pour cela Gotlib a décidé de frapper fort en utilisant la totalité des procédés humoristiques connus en ce bas monde. Ainsi dans Les nouvelles aventures de Gai-Luron, l’auteur nous fait passer de l’humour absurde, au comique de situation en passant par des jeux de mots et autres calembours. Cela a même valu à Gai-Luron d’être comparé à Droopy, pour son allure nonchalante et à Buster Keaton pour sa maladresse maladive. Cette série est donc tout indiquée pour les lecteurs de tout âge souhaitant découvrir doucement le monde délirant de Gotlib
Les nouvelles aventures de Gai-Luron

Pervers Pépère ou l’humour franchouillard 

Contrairement à ce que son titre pourrait faire croire, il ne s’agit pas ici de l’œuvre la plus crue de la carrière de Gotlib. Alors certes, des gags mettant en scène un exhibitionniste d’un certain âge (d’où le titre) ont de quoi rendre perplexes. Pourtant, tout commence par un running gag un peu salace, mais dessiné de manière assez suggestive. Le grand-père se plante devant un personnage, ouvre son imperméable et déclenche une scène improbable sous nos yeux aussi ébahis qu’hilares. Fort du succès de cette formule, Gotlib la développe ensuite sous une autre forme. Nous retrouvons toujours notre pervers, mais cette fois-ci, celui-ci s’amuse à faire des blagues douteuses ne faisant rire que lui (et les lecteurs au passage). Enfin, la série s’est achevée en apothéose avec des parodies de blockbusters hollywoodiens comme Star Wars, Alien ou Superman. Vous l’aurez donc compris, Gotlib s’attaque ici à un humour bien de chez nous et donc pas forcément toujours de bon goût, amis de la scatologie… bonjour.
Pervers Pépère

Hamster Jovial et ses louveteaux ou l’humour qui tape là où ça fait mal.

Alors là, avec Hamster Jovial et ses louveteaux, nous commençons à entrer doucement dans une forme d’humour beaucoup plus mordante. Cependant, attention, plaçons-nous dans le contexte de l’époque. Si, de nos jours, le scoutisme a franchement perdu de sa superbe, dans les années 50/60 c’était une véritable institution au même titre que le service militaire ou le catéchisme. C’est pourquoi oser toucher aux scouts était comparable à s’attaquer aux valeurs de la France. L’irrévérencieux Gotlib ne pouvait donc pas perdre cette occasion de choquer les puritains tout en faisant rire les marginaux. Pour se faire une idée du caractère d’Hamster Jovial, il faut avoir en tête le personnage de Gérard Jugnot dans Scout toujours. En effet, si notre héros ne manque pas d’abnégation pour ses chères têtes blondes, celles-ci ne sont pas vraiment enclin à lui rendre la pareille. Le contraste entre cette bonne âme et ses petits diables est tout simplement irrésistible. 
Hamster Jovial

SuperDupont ou l’humour de celui qui en avait marre de l’invasion des comics

Avec sa série SuperDupont, Gotlib fait un véritable strike. L’auteur tire ici allègrement sur les super-héros de comics tout en se moquant des préjugés sur les français. Son héros est un franchouillard comme on en fait plus. Espadrilles aux pieds et béret vissé sur la tête, ses aventures sont aussi absurdes que sont ouverture d’esprit est étroite. De mauvaise foi lorsque l’on porte préjudice aux valeurs de son beau pays, volontiers raciste, c’est un personnage que l’on adore détester. Du très grand Gotlib !
SuperDupont Renaissance

Rhâ-gnagna et Rhââ-lovely ou l’humour trash

Avec ces deux séries Gotlib se lâche complètement. Gags coquins et dessins plus qu’explicites font de ces ouvrages de véritables exemples de ce qu’est la liberté d’expression en France. L’auteur n’hésite pas ici à tourner à la pornographie les contes de notre enfance et même dans la vie des Dieux. C’est irrévérencieux, peut-être choquant pour certains lecteurs, mais la fantaisie et le vent de liberté qui planent sur ces albums font un bien fou !  
Rhaa Lovely

Les Rubriques-à-brac ou l’humour à son paroxysme 

Si vous ne deviez posséder qu’une série dans votre bédéthèque ce devrait être les Rubriques-à-brac. Véritable condensé de ce qu’est la patte Gotlib, ces albums sont d’une drôlerie inégalée. Des personnages devenus cultes comme Isaac Newton, le professeur Burp (et ses célèbres documentaires animaliers) et la fameuse coccinelle qui vient commenter de façon intempestive les cases des gags. Ici tout est bon pour faire rire, scènes absurdes, jeux de mots plus ou moins tirés par les cheveux, humour noir, etc. Et au milieu de ce tourbillon burlesque, l’auteur place de vrais moments de poésie, comme l’histoire du boulet ou des tacles bien sentie à notre société (il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie Désamorçage dans le tome 4). 
Les Rubriques-à-brac